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LES ARMOIRIES ET LA BANNIÈRE DE FERRETTE

 

 

            L'usage des armoiries s'est développé au Moyen-Age dans toute l'Europe comme un système d'identification, non seulement des personnes mais aussi  des lignées et des collectivités humaines.  Apparu au XIIe siècle au sein de la chevalerie, il s'est rapidement diffusé dans l'ensemble de la société occidentale : nobles, clercs, bourgeois, corporations de métiers, villes ou provinces. 

            Cette utilisation des armoiries vient de l'évolution de l'équipement militaire entre le XIe et XIIe siècle qui rend impossible de deviner le visage d'un chevalier caché par son casque. Pour se faire reconnaître dans les mêlées des batailles et des tournois, les chevaliers prennent l'habitude de peindre des figures distinctives sur leur bouclier et de se faire accompagner par un écuyer portant un écu, support sur lequel sont représentées leurs « armes ». Ces dernières sont ultérieurement reprises sur l'équipement du chevalier et de son cheval, sa bannière ou sur ses sceaux armoriés.

 

LES ARMOIRIES DES COMTES DE FERRETTE

 

            Les armoiries des comtes de Ferrette ressemblent à celles des comtes de Bar (aujourd'hui Bar-le-Duc en Lorraine) et des comtes de Montbéliard. Tout porte à croire que ce sont les armes primitives des comtes de Bar et qu'elles furent reprises par les comtes de Montbéliard lorsque Louis de Montbéliard épouse en 1037 Sophie, fille de Frédéric II duc de Lorraine et comte de Bar, cette dernière lui apportant en dot ce comté. Leur fils Thierry Ier de Montbéliard conserve les armoiries de ses parents de même que plus tard leur petit-fils Frédéric Ier, premier comte de Ferrette.

            Les armoiries des comtes de Ferrette représentent deux poissons courbés en  position verticale et de profil (en héraldique, qui est l'étude et la science des blasons, ils sont nommés des bars), les têtes tournées vers le haut, dos à dos et de couleur or, sur fond rouge. Elles se blasonnent ainsi : « De gueules aux deux bars adossées d'or ».

 

             Quelques exemplaires de ces anciennes armoiries ont été conservés jusqu'à nos jours, soit sur des vitraux, soit sur des sceaux ou des pierres tombales: 

- ainsi sur une verrière médiévale du temple Saint-Etienne de Mulhouse fabriquée vers 1330 et peut-être financée par Jeanne de Ferrette,

- sur un autre vitrail médiéval duAugustiner Chorherrenstiftà Sankt-Florian près de Linz en Haute-Autriche,

- sur un blason en verre exposé au Musée du verre à Corning dans l’État de New-York aux U.S.A. comportant la légende « Comes de Firetis » (comte de Ferrette), 

- sur les sceaux et/ou contre-sceaux (leur revers) de certains comtes (Frédéric II, Thiébaut), déposés aux Archives Départementales du Haut-Rhin à Colmar,

- sur la dalle funéraire du comte Thibaut de Ferrette au musée lapidaire de la chapelle St-Jean à Mulhouse.

 

APRÈS L'ÉPOQUE DES COMTES

 

            En 1324 lorsque Jeanne de Ferrette épouse Albert II d'Autriche, le comté de Ferrette passe aux mains des Habsbourg durant plus de trois siècles. Le comté est alors administré par des baillis mais conserve ses armoiries. Ainsi on les retrouve à l'hôtel de ville de Ferrette dans le bureau du maire, sur un blason millésimé 1572 taillé dans la pierre, également au-dessus d'une colonne torsadée dans la salle du conseil, et aussi sur la façade au-dessus de la porte d'entrée faisant face  aux armes des Habsbourg et datées de 1570. Elles sont également sculptées en haut des deux piliers de l'ancienne porte sud de la ville (rue St-Bernard). Ces mêmes armes figurent aussi sur les étendarts et bannières des troupes ferrettiennes combattant aux côtés des Habsbourg.

 

            Actuellement la ville de Ferrette a comme armoiries officielles la réplique exacte du blason des comtes, mais au cours des siècles passés ce ne fut pas le cas. Selon l'Armorial de France établi sur l'ordre de Louis XIV en 1696 par Charles d'Hozier, juge général des armes et blasons de France, les armoiries de la ville comportaient alors les deux bars adossés mais d'argent et non d'or, et sur un fond bleu et non rouge ( en héraldique « d'azur aux deux bars adossés d'argent »). Ces vieilles armoiries de la ville sont d'ailleurs sculptées et peintes sur l'ancienne chaire du XVIIIe siècle de l'église paroissiale, conservée au musée de Ferrette.

            Les armoiries du Sundgau adoptées en 1988 comportent également le blason de Ferrette où il est associé à celui des Habsbourg d'Autriche et en partie à celui de Mazarin (« de geules à la fasce d'argent accompagné en chef de trois étoiles d'or et en pointe de deux bars adossés d'or »).

 

LA  BANNIÈRE DE FERRETTE

 

            Pendant les luttes sanglantes du Moyen-Age, les Ferrettiens, victimes de nombreuses agressions (Compagnies anglaises du sire de Coucy, Bâlois, Soleurois, Confédérés suisses, Bourguignons, Suédois, par exemple) étaient réputés pour leur bravoure et avaient une grande habitude des armes.  Les sujets de la seigneurie en âge de se battre étaient tenus de se présenter en armes aux revues militaires et de marcher en temps de guerre sous l'étendart de Ferrette. Ils combattaient constamment et loyalement aux côtés de leurs seigneurs sous leur célèbre bannière aux deux bars connue au loin.

            L'étendart était confié à un officier spécial dit Banneret ; celui-ci était choisi parmi les plus vaillants et élu par le collège des bourgeois. Voici l'allocution qui lui était alors adressée :

            « X…, comme c'est votre désir et votre vœu de porter la bannière, vous saurez que vous devez à ce titre tôt ou tard, -quand il arrive que, pour la défense du pays et de ses habitants, la grande bannière de la Seigneurie de Ferrette doit marcher contre l'ennemi à la tête des sujets,- y sacrifier votre corps et votre vie. Si l'ennemi vous coupe la main droite, vous la saisirez avec la main gauche ; si l'ennemi vous coupe la main gauche, vous la saisirez avec votre bouche et vous marcherez ainsi à l'attaque de l'ennemi. Tant que vous serez en vie et tant que vous aurez un souffle, vous ne l'abandonnerez pas. Vous veillerez sur votre bannière avec autant de sollicitude qu'en a eu le disciple bien-aimé, lorsque Jésus-Christ notre Seigneur, lui eut recommandé sa chère et digne mère Marie». Là dessus, X… répond que « si tels n'avaient pas été ses sentiments il n'aurait pas sollicité cet honneur. Alors il jure, la main levée, d'y laisser corps et vie, de ne pas s'en séparer tant qu'il vit et le peut, de la garder jour et nuit, et de la rapporter. »

 

DÉFAITES ET BANNIÈRES PERDUES

 

            Malgré l'engagement des Ferrettiens et l'acharnement à sauver leur bannière, ils  subissent néanmoins quelques cuisantes défaites, seuls ou aux côtés des Habsbourg, et la bannière reste parfois aux mains des ennemis.

            Ainsi le 9 juillet 1386 lors de la bataille de Sempach dans le canton de Lucerne où les Habsbourg affrontent les confédérés suisses, la grande bannière de Ferrette reste sur le champ de bataille au milieu de nombreux Ferrettiens morts en même temps que l'archiduc Léopold IV, le fils de Jeanne de Ferrette, et  de nombreux nobles alsaciens.

            Le 15 août 1474 les Bourguignons de Charles le Téméraire attaquent les Sundgauviens aux environs d'Oberlarg. Ces derniers, débordés par une importante cavalerie ennemie, soutiennent une lutte à mort et 90 Ferrettiens perdent la vie dans ce combat sanglant. L'histoire ne dit pas si la bannière a pu être sauvée.

 

            Le 30 novembre 1460 une troupe de 116 Soleurois, décidés à nuire aux Habsbourg, fait une razzia dans la seigneurie de Ferrette et se replie vers Délémont avec son butin. Elle est poursuivie par 300 Ferrettiens qui la rattrapent à Courrendlin, mais les Ferrettiens sont défaits et obligés de se replier en abandonnant leur bannière aux Soleurois. A l'instar des trophées de guerre, la bannière est suspendue dans l'égliseSankt-Urspuis dans celle de la Barfüsserkirche  à Soleure . A partir de 1614 l'étendart est transféré au Zeughaus(l'Arsenal) dont la construction vient d'être achevée. Depuis 1907 l'ancien arsenal est devenu un musée des armes (Museum Altes Zeughaus) et la bannière de Ferrette, bien que n'y étant pas exposée, est gardée dans les réserves du musée sous le numéro d'inventaire MAZ 1133 – Banner des Grafen von Pfirt. Avec ses couleurs fanées, elle est relativement bien conservée, mesure 83 cm de long sur 65 cm de haut et ses deux bars sont menaçants avec leurs gueules ouvertes et dentées, afin d'impressionner l'ennemi.

 

            Lors de la fête de la Libération qui a eu lieu à Ferrette les 1eret 2 septembre 1945, une délégation suisse de Soleure a remis officiellement à la ville de Ferrette une fidèle copie de son ancienne bannière qui lui fut ravie il y a 500 ans. De nos jours elle est suspendue dans la montée d'escalier de l'hôtel de ville. Le texte qui l'accompagne, écrit par le gouvernement du canton de Soleure, précise que la bannière retourne aujourd'hui dans sa patrie lors des fêtes de la Victoire et de la Libération, et souhaite qu'elle ne connaisse plus jamais le joug d'une occupation étrangère.

 

                                                                                             Roland Vogel

 

Sources : - E. Bonvalot, Coutumes de Haute-Alsace dites de Ferrette, Colmar 1870

                - H. Vogelweid, Ferrette et ses environs, Altkirch 1892

          Der Regierungsrat des Kantons Solothurn überreicht der Stadt Pfirt die Nachbildung des 500 Jahre alten Pfirter Banners, Solothurn den 2. september 1945

                 -Sandra Nicolodi, responsable des collections et expositions au Museum Altes Zeughausà Soleure (Suisse)

 

Illustrations :  -Blason médiéval en verre ( Musée du Verre à Corning, Etat de New-      

                         York -USA)               

                 - Réplique de l'ancienne bannière de Ferrette de 1460 offert par la ville de  Soleure en 1945 (Hôtel de Ville deFerrette)

 

 

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